En bref et épicé |
Populaire ?
Le 4 mars dernier, l’association « Crises » organisait à Ramonville
(31) un débat sur le thème de la crise de la politique, avec pour
invités Alain Beneteau (vice-président PS du Conseil régional), Henri
Arevalo (porte-parole des Verts), Arnaud Lafon (maire UMP de Castanet),
Elisabeth Husson (maire adjjointe UDF de Muret) et Frédéric Borras
(porte-parole de la LCR). Le président de « Crises » et animateur du
débat, Yves Miramont, faisait remarquer à Lafon que le « P » de UMP
désignait le terme « populaire ». Réponse aussi affligeante que
significative de ce dernier : « Oui avant ça voulait dire
“présidentielle“ et maintenant “populaire“. Vous savez, c’est du
marketing politique ». Voilà qui est cash !
Couleuvres.
À ce même débat, Henri Arevalo des Verts et 3e sur la liste «
Alternative », reprochant à la LCR de se « cantonner à la
protestation » et son refus de « se retrousser les manches pour
mettre en œuvre une politique », fut prompt à concéder que pour ce
faire, il faille accepter « d’avaler des couleuvres ». Que ces
couleuvres soient sociales ou nucléaires, si nous lui souhaitons bon
appétit, personne ne devra pour autant s’étonner que nous déclinions
l’invitation à partager un tel repas… |
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Hôpital
– Sécurité sociale
Attention, démolition…
Remaniement ministériel ou
pas, la prochaine étape de l’offensive anti-sociale, c’est la casse de
la Sécu. Riposte plus qu’indispensable… vitale !
L’offensive libérale met en
œuvre les directives de l’OMC, dans le cadre de l’AGCS. La santé doit
devenir un bien marchand. La négation de la santé comme droit a consisté
à la faire apparaître comme un ensemble de besoins, puis les besoins
collectifs se sont trouvés individualisés, chacun devenant responsable
de son « capital santé », de son « risque santé ». Le besoin doit
correspondre à une demande individualisée sur le marché de la santé à
laquelle doit répondre une offre. Il faut donc détruire la référence à
la protection sociale et à un système collectif et solidaire de soins.
Après la guerre, dans un
pays à reconstruire (1945), la création de la Sécurité sociale (maladie,
vieillesse, famille) est une grande conquête sociale résultant du
rapport de force entre le capital et le monde du travail. C’est un
système basé sur la solidarité, la collectivité étant responsable du
bien-être de ses membres. Les cotisations salariales et patronales,
prélevées sur notre salaire, versées dans un pot commun, nous sont
reversées par la Sécu. Le patronat nous verse donc un salaire de la
naissance jusqu’à la mort, « salaire socialisé » (voir Bernard Friot, Et
la Sécurité sociale créera l’emploi, éditions La Dispute). Le budget de
notre Sécu est de 1000 milliards de francs : enjeu considérable, en
terme de marché potentiel pour les assureurs ! Aussi les gouvernants
veulent transformer notre Sécu en un système basé sur l’assurantiel et,
pour ceux qui ne pourront pas payer, en un système basé sur
l’assistanat. La Sécu a été progressivement remise en cause :
augmentation du ticket modérateur, mise en place et augmentation du
forfait hospitalier, déremboursements de médicaments… et on veut nous
persuader de son « déficit abyssal » : 10 milliards d’euros, alors que
le déficit de l’État pour 2003 est, lui, de 55,5 milliards d’euros et on
ne nous en parle pas ! C’est bien une manœuvre politique pour vendre une
contre-réforme et brader notre système de santé, l’objectif étant de
diminuer les dépenses en nous faisant payer plus.
L’arnaque du rapport Chadelat
Pour combler ce soi-disant
déficit, Mattéi a commandé le fameux rapport Chadelat (ancien directeur
chargé des questions de la santé chez Axa !). Ce rapport propose un
système de santé à plusieurs étages :
– une couverture maladie
généralisée (CMG) elle-même à deux étages :
• assurance maladie
obligatoire (AMO) : à peu près notre assurance maladie actuelle ;
• assurance maladie
complémentaire de base (AMCB) : intervention des mutuelles et/ou
assurances privées ;
– la couverture
complémentaire (CC), troisième étage, à la charge entièrement des
assurés, donc au profit des assurances privées.
Mettre les mutuelles et les
assurances dans le système obligatoire, cela permet, prétendument,
d’être remboursé au premier euro pour la lunetterie et pour les dents.
Dans un premier temps, il est évident que les assurances privées
pratiqueront des prix excessivement bas, défiant toute concurrence.
Aussi, les mutuelles, ne pouvant pas rivaliser, disparaîtront, et ne
restera sur le marché que l’assurance privée. Elle sera alors libre de
faire exploser ses prix et notre système de santé sera privatisé ! Pour
la CMG (les deux premiers étages), il sera défini un « panier de soins
». Chacun paiera donc en fonction de ses risques individuels (âge,
diabète, risques génétiques…). Nous ne serons plus remboursés tous
pareils mais selon le « panier de soins » que nous aurons préalablement
acheté individuellement à notre assureur. Ceux qui ne peuvent pas payer
l’AMCB (2e étage) disposeront de bons de santé, de crédits d’impôts,
c’est-à-dire de l’argent public donné aux nécessiteux afin qu’ils paient
leur complémentaire à l’assurance privée ! Et les assureurs auront, en
moyenne, 20 % de plus de clients !
La finalité du rapport
Chadelat est de diminuer la part prise en charge par l’assurance maladie
financée par les cotisations, par notre salaire, et d’augmenter
l’implantation des assurances privées qui, introduites dans la gestion
du « panier de soins » de l’assurance obligatoire, pourront s’immiscer
dans la gestion de l’ensemble de la couverture sociale et imposer leurs
choix et critères. La tarification de l’assurance se fera bien selon le
degré du risque individuel, de la communication du dossier individuel
jusqu’au refus d’assurer (pour les payeurs en difficulté). Les assureurs
pourront établir un système de franchise, de bonus-malus pour
rentabiliser les contrats, comme pour les voitures…
Le changement majeur de ce
système, c’est de tourner carrément le dos à la santé de qualité
gratuite pour tous et d’aggraver les inégalités sociales.
Nous affirmons qu’avant
d’être le soin, la santé passe par l’amélioration de l’environnement et
des conditions de vie, la prévention, la santé au travail…
Nous devons défendre une
vraie politique de l’emploi et du salaire, une extension du service
public avec embauche suffisante de personnel (le plan « Hôpital 2007 »
ne prévoit que des dépenses immobilières !), une éducation sanitaire
préventive de masse et un accès aux soins de qualité gratuits pour
toutes et tous.
Quelles que soient les
conditions de ressources, la santé est et doit rester un droit !
Marie-Pierre Lesur |
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GIAT TARBES
Le dernier combat
Le lundi 7 avril 2003, le
P-DG de GIAT Industries a annoncé, fidèle porte-voix de Michèle
Alliot-Marie, le « plan d’adaptation pour Giat ». Ils appellent ça un «
plan social », mais il s’agit de la suppression de 700 emplois. Ne
resteraient que 150 emplois entre Giat et Dualtech… alors qu’il y en
avait 3300 en 1989…
Chronique d’une mort
annoncée… Ce plan n’est pas vraiment une surprise, sauf pour ceux qui
font semblant. La loi dite Chevènement votée en décembre 1989 à l’Assemblée
nationale transformait les arsenaux terrestres en société nationale à
gestion privée. La CGT et FO s’étaient élevées contre, la CFDT avait
approuvé. Les députés locaux (Forgues, PS, GAITS, PRG) votaient pour et
Miqueu (PS) s’abstenait. L’argument avancé était qu’il fallait
s’intégrer à la défense européenne, « retrouver du dynamisme » pour
regagner une « compétitivité mondiale ». On l’aura compris, cette langue
de bois patronale tentait de dissimuler la volonté de supprimer le
statut d’ouvrier d’État des arsenalistes…
Les divers P-DG (Chiquet,
Lopion et l’actuel Vigneron) ont mené leur barque de telle manière qu’à
la fin « on tue le chien parce qu’il a la rage ». Les gouvernements
n’ont pas pris en compte les diverses propositions de diversifications
(si ce n’est en mettant des écrans de fumée).
Les politiques, de droite et
de gauche, ont usé et abusé du double langage et du double comportement,
les audiences auprès du ministère s’avéraient toujours positives…
De nombreuses luttes furent
menées, sur tous les sites, mais certaines « anecdotes » montrent que
les liens syndicaux avec les appareils de la gauche plurielle ont
freiné. Par exemple, à Tarbes, en novembre 1996, à l’annonce du 5e plan
« social » (– 596 emplois…), la direction était séquestrée, après vote à
bulletin secret des salariés. Les politiques locaux en général, et le
maire de Tarbes, Raymond Erraçarret (PCF) en particulier, condamnèrent
publiquement cette action…
Et maintenant…
Le plan « social » a été
suspendu par le tribunal de grande instance (TGI) de Versailles, qui
avait été saisi par les syndicats. La mise en œuvre du plan « GIAT 2006
», qui prévoit la suppression de 3750 emplois, a été arrêtée
momentanément. Les effectifs devaient passer de 6250 à 2500 salariés. Le
TGI a ordonné de « surseoir à la mise en œuvre du plan », dans l’attente
d’un jugement sur le fond. II s’agissait là d’un nouveau sursis, qui ne
réglait rien sur le fond.
L’enjeu fut de savoir si les
directions syndicales l'utiliseraient pour réorienter l’action vers la
coordination des luttes et l’action directe sur le terrain. En effet,
jusqu’à aujourd’hui, la colère des salariés est canalisée dans une sorte
d’union sacrée avec les élus locaux (députés ou maires qui ont soutenu
les différents gouvernements responsables de la catastrophe actuelle).
Le plan alternatif prévu par ces élus (comme le maire UMP de Tarbes,
Gérard Trémége, ou le président PS, Jean Glavany, de la communauté
d’agglomération) et les directions syndicales propose de sauvegarder un
millier d’emplois, ce qui revient à accepter 2000 suppressions de
postes. Malheureusement, la perspective d’une action nationale continue
est exclue. Lors d’un débat récent, le représentant de l’intersyndicale
de Giat Tarbes, Daniel Gerbaud (s’exprimant là en tant que militant du
PCF, dont il est candidat aux cantonales) affirmait que parler de grève
générale « c’est du populisme »
Or se coordonner avec les
salariés des autres boîtes en lutte contre les licenciements représente
la seule vraie alternative à l’offensive patronale et étatique contre
l’emploi. Construire un mouvement d’ensemble, en commençant par une
manif nationale contre les plans de suppressions d’emploi, est la seule
manière de gagner.
La mobilisation massive qui
persiste depuis neuf mois sur les différents sites pousse le
gouvernement à essayer de se sortir l’épine du pied avant les élections
de mars.
Négociations en trompe l’œil
!
Avec l’aval des directions
syndicales, même si celles-ci demandent que soit discuté le « volet
industriel », des négociations se sont ouvertes sur le « volet social ».
C’est-à-dire lâcher un peu de lest sur le dispositif d’indemnisation des
salariés, les reclassements, transferts entre sites, critères de
licenciements…
Mais rien ne change sur le
fond, c’est-à-dire le nombre de suppressions d’emplois décidé au plus
haut niveau, celui de la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie,
donc Raffarin et Chirac. Cela situe aussi le niveau d’affrontement
politique qui serait nécessaire pour exiger qu’aucune suppression
d’emploi ne soit effective, dans le cadre d’un débat sur la reconversion
vers des productions civiles. Il faut noter, en passant, que la société
Sagem devrait reprendre des activités de mécano-soudure, sur le site de
Tarbes, dans le cadre d’un contrat de 200 millions d’euros, pour
travailler sur le laser mégajoule. Celui-ci est en cours d’implantation,
au Barp en Gironde, et est destiné à simuler des explosions nucléaires…
Autrement dit, la reconversion reste guerrière ! Et Sagem, malgré ses
milliards de profits va bénéficier de subventions en nature, comme les
locaux du Giat. Rompre avec ce libéral-capitalisme guerrier est une
urgence pratique qui impose de coordonner la lutte et de construire un
débouché politique. Beaucoup de travailleurs y sont prêts… C'est ce que
nous dirons aux élections (régionales, cantonales, européennes) qui
viennent.
À Tarbes,
Christian Zueras
Dernière
minute
Les négociations ont pris
fin le 26 février, rythmée par une nouvelle manifestation des
salarié(e)s. Le comité central d’entreprise a discuté une dernière fois
le « volet social » du 6 ème plan de restructuration. La CFDT, la CGC et
la CFTC ont signé le protocole d’accord, la CGT et FO s’y opposant
toujours. Sur le site de Tarbes, 450 emplois seront supprimés d’ici
2006, sur 600. (3100 sur 6000 au plan national). La stratégie d’alliance
avec le maire UMP de Tarbes à montré ses « limites ». Le premier
affichage des postes supprimés aura lieu en juillet. La mobilisation
saura-t’elle trouver une autre voie ? C’est, en tout cas, ce que nous
proposons depuis le début de la lutte !
C. Z., le 27 février
2004.
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CASTRES
Tous ensemble avec les Comau !
Un pas de plus vers la
désertification industrielle : en deux
ans la région Midi-Pyrénées
a perdu plus de 10000 emplois industriels.
La suppression de 170
emplois sur les 480 que compte actuellement Comau/Castres, avec, à
terme, la fermeture du site et les emplois induits dans la
sous-traitance, c’est plus d’un millier de familles qui risquent de
rejoindre les bataillons de chômeurs tarnais. C’est un véritable coup
dur dans une région déjà lourdement touchée par le déclin de ses
industries traditionnelles (textile, mégisserie…).
Un outil performant sacrifié sur
l’autel des profits
La Comau est pourtant un des
fleurons du secteur de la machine-outil ; une entreprise qui dégage des
bénéfices (0,8 million d’euros en 2003) ; la dernière machine produite
par les salariés de Castres est même reconnue par l’ensemble du secteur
comme la plus performante à ce jour. Mais de cela les actionnaires n’ont
que faire !
La concurrence fait rage
dans le secteur automobile ; depuis des mois la presse économique se
fait l’écho des difficultés du groupe FIAT. En rachetant Renault
Automation en 1999, le groupe Comau devenait le leader mondial des biens
d’équipement automobile… et cette opération a été présentée aux salariés
comme une chance pour leur avenir.
En réalité, pour continuer à
verser les dividendes exigés par ses actionnaires, le groupe FIAT s’est
dans un premier temps servi de Comau comme d’une véritable pompe à fric
et, comme cela n’a pas suffi, il envisage maintenant de se séparer
carrément de sa filiale, et de laisser les salariés sur le carreau…
charge à l’Etat français de payer des chômeurs.
Dans un contexte général
d’aggravation du chômage, de dégradation des conditions de survie des
chômeurs, d’inefficacité des prétendus plans de reclassement (comme chez
Moulinex…), la question de la mobilisation contre les licenciements est
prioritaire. Il est aujourd’hui indispensable qu’un front de lutte
regroupant les syndicats, les organisations associatives et politiques,
se constitue autour de Comau afin d’organiser la riposte. Les pouvoirs
publics et les élus locaux ont bien envoyé beaucoup de courriers mais
ont été, à ce jour, incapables d’obliger la direction de FIAT à
participer à la table ronde que ne cessent de réclamer les organisations
syndicales.
Pire, une enquête vient
d’être ouverte afin de chercher à savoir qui a commis les jets de
peinture sur la façade de la sous-préfecture… éternelle criminalisation
de l’action syndicale.
Dernière nouvelle, la
direction menace de délocaliser le site à l’étranger si le plan social
n’est pas accepté.
Pour garantir l’emploi, il
faut cesser les politiques menées depuis 20 ans par les divers
gouvernements (subventions aux entreprises, exonération des cotisations
sociales…). Un véritable gouvernement au service des travailleurs
instaurerait une loi d’interdiction des licenciements sous peine de
réquisition des entreprises, rendrait public les comptes des entreprises
comme les comptes en banque des gros actionnaires ; afin que les
salariés puissent avoir un véritable contrôle sur un fonctionnement
aujourd’hui secret. C’est le sens du combat de la LCR ; les travailleurs
de Comau peuvent compter sur notre soutien.
LCR-81,
mars 2004
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Affaire
Fortech : polémique Malvy / LCR
Pas un sou pour les licencieurs
!
Réagissant aux déclarations
d’Olivier Besancenot relatives aux subventions accordées à l'usine
Fortech de Pamiers (Ariège), Martin Malvy, président socialiste du
conseil régional de Midi-Pyrénées, s'est fendu d'un courrier justifiant
son vote(1) . Une controverse qui exprime bien le
gouffre existant entre le
social-libéralisme et la gauche anticapitaliste.
En juillet 2003, le conseil
régional Midi-Pyrénées votait une subvention de 800000 euros au profit
de l'usine Fortech, une filiale du groupe Eramet (14700 salariés), afin
d'aider à l'installation d'une presse à Pamiers (Ariège), destinée à
l'aéronautique. Les groupes FN, UMP, UDF, PS, PCF et Verts l'ont votée.
Seul le groupe LCR-100 % à gauche s’y est opposé (lire Rouge du 10
septembre 2003). Cette aide au patronat était justifiée par la promesse
de la création de 200 emplois sur le site. Deux mois après, le même
groupe annonçait un plan social dans une autre de ses filiales, toujours
à Pamiers, avec la suppression de 200 emplois à la clé (intérimaires
compris).
Dans une lettre adressée à
Olivier Besancenot, Martin Malvy suggère que sans cette subvention,
Eramet se serait installée ailleurs. Un argument tout simplement faux,
puisque ledit groupe a choisi une implantation à proximité de Toulouse
pour satisfaire les besoins de son principal client, Airbus. Il s’agit
donc bien d’un bluff de cette entreprise pour rafler une subvention de
plus.
Mais notre désaccord ne
s’arrête pas là. Pour les élus de la LCR, le rôle d’une collectivité
territoriale en matière économique est avant tout de soutenir les
services publics d’un point de vue budgétaire et de défendre les
travailleurs d’un point de vue politique. Car chaque euro consacré à
l’aide au privé est un euro de moins pour nos services publics. Quant au
soutien aux travailleurs, ceux de Fortech attendent toujours le moindre
geste du conseil régional en leur faveur. Les élus de la gauche
plurielle auraient non seulement pu faire monter la pression et
subordonner les aides au maintien de l’emploi, mais ils auraient pu
appeler et soutenir la mobilisation des salariés et de la population.
Ils n’en ont rien fait.
Dans son courrier, Martin
Malvy affirme que l’installation de cette nouvelle presse permettait de
compenser la fermeture des usines Péchiney situées dans la haute vallée
de l’Ariège. Il est vrai qu’après l’anéantissement de la quasi-totalité
de son secteur textile, la disparition de Péchiney sonne le glas de
l’activité industrielle du département. Cet argument est pour autant
irrecevable. Le conseil régional a en effet financé en janvier 2004, aux
côtés de l’Etat et des collectivités locales, un plan de revitalisation
de la Haute-Ariège parallèlement à la convention signée entre Péchiney
et l’Etat pour favoriser l’implantation de nouvelles activités (2). Dans
cette convention - par ailleurs très peu contraignante pour Péchiney en
matière de création d’emplois (beaucoup d’études, sans aucune annonce de
création d’emplois) -, Péchiney ne participe qu’à hauteur de 5,25 % de
l’enveloppe globale prévue pour financer les deux plans ! Ainsi, un
groupe multinational, hier nationalisé, aujourd’hui racheté par Alcan,
premier groupe mondial de l’aluminium, peut supprimer 200 emplois
(auxquels il faut rajouter plus de 500 emplois induits), peut assassiner
socialement toute une région et se voir quémander une obole par les
pouvoirs publics pour solde de tout compte.
Ces deux affaires mettent en
lumière la divergence radicale qui délimite la frontière entre la gauche
anticapitaliste et le PS : le refus de s’en prendre aux intérêts
patronaux, en votant une loi donnant aux salariés le pouvoir de
contrôler les comptes de leurs entreprises. La seule transparence sur
les comptes - sans parler d’une loi contre les licenciements ou de la
mise sous contrôle public des entreprises qui licencient en réalisant
des profits - aurait posé d’une tout autre façon le débat sur les
subventions publiques. Dans la campagne régionale, Malvy et ses alliés
radicaux et du PCF valorisent l’action du conseil régional pour la
Haute-Ariège, sans jamais évoquer les responsabilités de Péchiney et d’Eramet.
Inversement, ces deux exemples concrets sont pour la LCR autant
d’occasions de dénoncer la complaisance, et même la complicité, de la
gauche plurielle comme de la droite et du FN à l’égard des grands
groupes industriels.
Stéphane Borras
et Lucien Sanchez
Rouge no 2 053, 26/02/2004
1. Ce courrier et la réponse
de la LCR sont disponibles sur le site de la LCR dans les communiqués.
2. Le groupe
LCR-100 % à gauche a été, une fois de plus, le seul à voter contre cette
participation.
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